Quelle place joue l’eau dans la révélation biblique?
L’eau est présente et centrale du début à la fin de la Bible. Dès la Genèse, avec ce fleuve, source de vie, qui sort d’Eden pour arroser le jardin, et jusqu’à l’Apocalypse, qui mentionne encore le fleuve d’eau de la vie qui vient du trône de Dieu. L’eau symbolise la bénédiction de Dieu dans de nombreux récits. Quand l’eau tombe, les cultures peuvent pousser. L’eau est centrale dans la notion de purification : dans l’Ancien Testament, les prêtres devaient se purifier pour pouvoir servir et les Israélites devaient se laver après avoir été impurs. Mais l’eau peut aussi représenter le danger ou la mort, avec le déluge ou les tempêtes. Dans le Nouveau Testament, l’eau représente la vie éternelle ; elle est aussi associée à la vie de l’Esprit et à la purification en lien avec le baptême.
“Mais que la justice coule comme de l’eau, et la droiture comme un ruisseau qui ne tarit jamais» (Amos 5.24). En quoi l’eau est-elle une illustration de la justice?
Cette image nous enseigne que la justice et la droiture sont des activités divines ; Dieu s’en soucie et s’attend à ce que nous fassions de même. Si l’on pratique la justice et la droiture, la vie sera assurée, comme lorsqu’il y a de l’eau. Or, si la justice n’est pas présente, il manque quelque chose d’essentiel à la vie. Les premiers destinataires de ce texte comprenaient bien ce que signifiait manquer d’eau car il n’y en avait plus dans les ruisseaux durant une partie de l’année.
Dans la Bible, les puits sont le théâtre de rencontres importantes. Pourquoi ?
En effet ! Le puits était un lieu de passage quotidien, pour puiser l’eau nécessaire aux besoins. C’était donc le lieu par excellence pour se retrouver ou faire connaissance.
L’eau est source d’espérance : à deux reprises dans la Genèse, l’ange de l’Eternel vient à l’aide d’Agar, la servante de Sarah. La première fois, alors qu’Agar, fuyant les mauvais traitements de sa maîtresse, se trouve près d’une source. Dieu la rencontre où il y a de l’eau, qui représente la vie. La deuxième fois, Agar, en fuite avec son fils, est désespérée et sans eau. L’ange de l’Eternel lui ouvre alors les yeux pour qu’elle voie un puits et ait la force de continuer.
C’est justement à une femme venue chercher de l’eau au puits que Jésus affirme: « Celui qui boira l’eau que je donne n’aura plus soif » (Jean 4, 14). Que représente cette eau ?
C’est l’eau qui répond à la soif de son coeur. Cette femme a eu une vie douloureuse, elle a été mise au ban de la société. Dans son dialogue avec Jésus, on voit qu’elle cherche du sens à sa vie. En lui offrant cette eau, Jésus répond à sa soif et rétablit une forme de justice pour cette femme, en lui offrant l’eau représentant la vie éternelle. Celle-ci est le résultat de l’amour, du pardon, de la purification que l’on découvre en Christ.
A quelle autre occasion Jésus évoque-t-il l’eau?
J’aime beaucoup Jean 7, v.37, où Jésus dit «Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de lui». Celui qui croit en Jésus recevra l’Esprit, qui est comme un fleuve qui coule. C’est très encourageant ! Dans d’autres textes, Jésus transforme l’eau en vin, lave les pieds de ses disciples, dit à Pierre de jeter ses filets dans l’eau – ce qui donnera une pêche incroyable ! Avec Nicodème, il parle de l’importance de naître d’eau et d’Esprit, l’eau signifiant ici la Parole de Dieu. Il invite aussi à donner un verre d’eau à celui qui a soif ; un geste tout simple qui fait la différence.
Les évangéliques utilisent l’expression «passer par les eaux du baptême». Pourquoi l’immersion est-elle significative pour eux?
Premièrement, par rapport au sens du mot baptême (baptizo) qui signifie plonger, immerger. Ensuite, la symbolique du baptême représente la mort au péché et la vie en Christ. Plongé dans l’eau, on comprend que la vie n’est plus possible. La sortie de l’eau représente la vie avec Christ, la résurrection à laquelle nous sommes associés et la vie éternelle que nous recevons. La notion de purification va avec : l’eau passant sur mon corps, je suis purifié.
Propos recueillis par Sandrine Roulet