Dans les pays les plus défavorisés, les familles misent sur l’avenir de leurs enfants valides. En conséquence, « les enfants en situation de handicap ne sont pas envoyés à l’école, peuvent être sous-stimulés ou surprotégés, et n’apprennent pas à devenir autonomes », indique Thoma Vuilleumier, secrétaire général de la MEB.
Convaincre les familles
Dans ce contexte, la mission d’une école inclusive va plus loin que le simple fait d’ouvrir les classes aux enfants malvoyants. Elle nécessite un travail amont qui consiste à sensibiliser les familles et la société sur les capacités des enfants handicapés et sur leurs possibilités de mener une vie digne.
« Cela permet de garantir une éducation optimale pour les enfants en situation de handicap, et à tous les enfants d’avoir un rythme scolaire normal »
Les classes, composées d’une trentaine d’élèves, comprennent trois à quatre enfants malvoyants. « Cela permet de garantir une éducation optimale pour les enfants en situation de handicap, et à tous les enfants d’avoir un rythme scolaire normal », détaille Thoma Vuilleumier. Les enfants malvoyants intègrent les classes « standard » après une ou deux années d’intégration, où ils apprennent ce qui est spécifique au handicap visuel, et gagnent l’autonomie qui leur fait souvent défaut.
Du matériel spécialisé
La MEB a ouvert à ce jour sept écoles inclusives ; quatre au Burkina Faso, une au Burundi et une au Cameroun. La dernière a été inaugurée en 2019 à Brazzaville, en République du Congo. La création d’une école inclusive nécessite de former les enseignants à la prise en charge des enfants malvoyants. De nombreuses mesures sont nécessaires pour fournir le matériel spécialisé nécessaire à l’écriture et la lecture du braille, et le but, à terme, est d’équiper le plus possible d’écoles d’une unité d’impression braille sur place, afin que les établissements soient indépendants.
Une meilleure cohésion sociale
« Une école inclusive permet d’avoir un impact, non seulement sur l’éducation, mais sur la société, sur le regard porté sur le handicap, car les enfants valides et handicapés jouent ensemble, s’entraident, développent des liens d’amitié », poursuit le secrétaire général. « Je suis devenu une nouvelle personne, témoigne Nathan, 12 ans, en classe de CM2. Je n’aime pas être couvé, mes amis l’ont vite compris, à tel point qu’ils oublient parfois que je suis aveugle. Pendant la récréation, nous jouons au ballon et ils ne me laissent jamais en dehors de l’aire de jeu.» D’autres enfants malvoyants témoignent de la bonne collaboration qui s’est instaurée avec leurs camarades : « Ils nous aident beaucoup, ils dictent les exercices, donnent des explications et nous jouons ensemble », ajoute Jean-Baptiste, en CM1.
La MEB en bref : S’engage pour soutenir les personnes vivant avec une déficience visuelle et les accompagne dans leur développement
Projet : Ecoles inclusives
Lieu : Burkina Faso, Burundi, Cameroun, République du Congo
Problématique : Discrimination éducative des enfants malvoyants