Créer des villes sûres pour les enfants

L’objectif de développement durable n° 11 met un fort accent sur la sûreté dans ses recommandations liées à un développement urbain durable et inclusif. Pour les enfants, que revêt cet impératif de sûreté ?

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21 juin 2022
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« Pour savoir ce que serait une ville sûre pour les enfants, il faudrait le leur demander, affirme d’emblée Michele Poretti, spécialiste en droits de l’enfant et en pratiques centrées sur les jeunes, notamment dans le cadre politique. Quand je vois les enfants occuper l’espace public, j’ai l’impression qu’ils ont une manière de se l’approprier, et une relation à la sécurité très différentes de celles des adultes.»  

 

Faire participer les enfants
Pour créer un environnement urbain qui soit inclusif et ne laisse personne de côté, les enfants doivent aussi être intégrés aux processus politiques de définition des espaces publics. Les démarches participatives ont le vent en poupe, mais intégrer véritablement leur point de vue demande du temps. « Il semble qu’il y ait un réflexe et une attention qui s’ancre petit à petit dans les pratiques, constate Florence Godoy, déléguée à l’enfance de la ville de Lausanne. Mais la démarche participative, par son phénomène de mode, peut vite devenir une manœuvre marketing, avec le risque que ce que les enfants évoquent ne soit pas pris en considération au final ».  

 

Une attention à double tranchant ?
« Cela nous amène à la question : quelle est la place que nous sommes prêts à leur faire dans ces processus ? », soulève Michele Poretti. Nous aurions tendance, selon lui, à penser qu’en tant qu’adulte, nous savons mieux ce qui est sûr ou non pour les enfants. En ce qui concerne la sécurité, un glissement est vite arrivé : « Si l’on interdit tout ce qui semble dangereux, nous allons créer un monde aseptisé. Quels risques est-on prêts à accepter pour qu’ils grandissent ? Sans prises de risques et aventures, il n’y a pas de plaisir à vivre et faire des expériences qui nous transforment.» 

Un point de vue que rejoint Florence Godoy lorsqu’elle affirme que cette attention accrue accordée aux enfants dans la ville peut créer une obsession autour de la sécurité. « Les villes, de façon globale, deviennent plus attentives aux enfants. Mais le revers de la médaille est qu’ils ont une marge de manœuvre, et une autonomie dans l’espace public, qui s’amoindrit avec le temps. Si quelque chose est problématique, ou si un accident arrive, la conséquence sera que nous limiterons davantage, pour ne pas être pointés du doigt.» L’équilibre est ténu. « Nous marchons sans cesse sur une crête », image-t-elle. 

 

Et dans les pays défavorisés ? 

Nous pouvons penser que la réflexion est très occidentale ; nos enfants sont probablement plus en sécurité aujourd’hui qu’ils ne l’ont jamais été et en comparaison à ce que d’autres vivent dans le monde, les enjeux paraissent faibles. Pourtant, toutes proportions gardées, des études démontrent que dans les pays subissant des catastrophes naturelles ou des guerres, empêcher les enfants de sortir et jouer, souvent par crainte pour leur sécurité, ne les aide pas à surmonter leurs traumatismes. Une recherche de l’Organisation internationale du jeu (IPA) effectuée dans six pays en situation de crise, révèle que dans les endroits où l’enfant était autorisé à sortir et jouer, même si les environnements extérieurs étaient inadéquats, voire avec une sécurité moindre, les opportunités de jouer ou de créer jouaient un rôle thérapeutique dans la manière dont les enfants interprétaient ce qui leur arrivait, et leur permettait de retrouver un sens de normalité et de joie malgré un contexte traumatisant (voir notre article en page 16-17). 

 

Auteur: Joëlle Misson 

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