« Sans excision, vous n’êtes pas une vraie femme, et vous ne pourrez jamais avoir d’enfants ».
Voici ce que les filles entendent dès leur plus jeune âge. 22% des filles ont entre 0 et 4 lorsqu’elles subissent la mutilation, 60% entre 5 et 9 ans. Les croyances et traditions justifiant l’excision sont nombreuses ; elle purifierait la femme ou éviterait une sexualité prématurée. Les croyances stipulent qu’une femme non excisée serait infidèle à son mari, que le clitoris rendrait l’homme sexuellement impuissant ou la femme inféconde, et ne permettrait pas à la fille d’avoir une bonne éducation. Socialement parlant, l’excision, en plus d’être considérée comme une obligation religieuse, est également un facteur d’intégration dans la famille et la société. Une femme non excisée sera sujette aux moqueries, ce qui pousse beaucoup de parents à faire subir cette souffrance à leurs filles, même s’ils sont réticents.
Des souffrances inimaginables
Avec 97% des Guinéennes ayant subi l’excision, la Guinée se place au deuxième rang des pays qui pratiquent le plus cette violence, bien que les mutilations génitales féminines soient interdites depuis l’an 2000 dans ce pays. De nombreuses femmes souffrent toute leur vie des douleurs liées à l’excision, certaines même meurent pendant l’opération ou saignent à mort durant l’accouchement. La plupart souffrent de rapports sexuels douloureux. Une ex-exciseuse explique avoir subi cette mutilation à cinq reprises ;
« Après des années, je souffre encore tous les jours. Et dans mon ignorance, je l’ai fait subir à d’autres.»
Identifier et protéger les filles
SAM global a démarré en partenariat avec l’Eglise Protestante Evangélique de Guinée des activités destinées à sensibiliser et protéger la gent féminine depuis environ 10 ans. En 2017, ce projet de lutte contre la mutilation génitale, sous la direction du pasteur Simon-Pierre Lamah s’est davantage structuré. Il est soutenu financièrement par SAM global, elle-même supportée par une fondation, qui contribue également à la formation des animatrices et effectue un suivi des activités.
Les différents volets de ce travail comprennent notamment l’identification et la protection des filles non-excisées, et potentiellement menacées, mais aussi des filles excisées qui souffrent de maladies liées à la mutilation. Depuis le lancement, le pasteur et coordinateur constate que « les animatrices et filles formées ont le courage d’en parler publiquement, une chose considérée comme taboue, et même passible de mort.» Par ailleurs, plusieurs filles non encore excisées décident de renoncer à cette coutume, pour elles-mêmes et leurs filles.
Impliquer les hommes
« Les garçons, qui se retrouveront plus tard face à des projets de mariage, doivent aussi être impliqués, puisqu’il est couramment admis qu’il n’est pas bon d’épouser une jeune femme non excisée », poursuit le coordinateur. C’est pourquoi durant les camps bibliques organisés par l’église, les garçons suivent également les cours destinés à renseigner sur la pratique néfaste de l’excision.
Dans ce combat, il est important d’accorder de l’importance aux croyances qui sous-tendent cette tradition. L’Eglise peut ainsi contribuer à faire évoluer les mentalités en s’attaquant aux racines profondes qui touchent aux croyances religieuses et mystiques.
SAM global en bref : ONG active dans les domaines de la formation théologique, du travail médical et de la prévention, de la formation professionnelle et scolaire et de l’amélioration des conditions de vie
Projet présenté : Campagne Stop Excision
Lieu : Guinée
Problématique majeure : Pratique encore répandue de mutilations génitales