Coordinatrice du réseau des ambassadeurs d’A Rocha France, Yoanna Rigotto est l’autrice du livre « Disciple de Christ jusque dans ma poubelle » (éd. Excelsis). Elle y aborde de façon pratique le lien entre foi et transition écologique. Interview.
J’aimerais montrer que si l’on a choisi de suivre Christ, alors nous sommes appelés à le laisser regarder chaque aspect de notre vie, même ce qui semble le plus insignifiant, comme le contenu de notre poubelle. Mais je ne me concentre pas uniquement sur le problème des déchets. J’aborde avant tout la question spirituelle : qu’est-ce que veut dire être un disciple de Christ ? Est-ce qu’il s’agit seulement de lire sa Bible et de prier ? Ou est-ce ce que c’est aussi me laisser transformer dans toute ma vie, mes pensées, les choix que je fais, ce que je regarde, comment j’utilise mon temps ou choisis mes vêtements, mon rapport aux objets ? Nous pouvons nous dire que la foi est spirituelle et qu’elle n’a rien à voir avec la vie pratique. Or, je pense que les deux sont liées.
En effet, la crise écologique trouve sa source dans l’arrivée du péché dans le monde. Le travail difficile, les terres maudites, les activités humaines dirigées par l’orgueil et la cupidité, l’envie de posséder toujours plus ont un impact négatif sur la Création tout entière et notre prochain. Mais connaître l’origine de cette crise ne nous donne pas pour autant la clé pour la régler. Avec la foi, nous avons l’espérance qu’à un moment donné le péché disparaîtra car Jésus a prévu de faire toutes choses nouvelles et réglera le problème parfaitement. Nous n’allons pas le faire par nos propres forces. En attendant, nous devons quand même traverser ce monde, et le faire en portant les regards vers Dieu.
Parce que si j’aime Dieu, j’ai envie de l’honorer et de le respecter, ainsi que ce qu’il a créé, et cela m’incite à changer mes habitudes. Car j’abîme la Création de Dieu par un mode de vie sur-consommateur. Je ne peux pas faire de notre monde, de son monde, une poubelle. Deuxièmement, à cause de l’amour du prochain, car nos modes de vie ont un impact sur les plus fragiles.
Dans mon cheminement personnel, j’ai très rapidement constaté des similitudes entre ma transition écologique et ma vie spirituelle. Plus j’en apprenais sur la crise que nous vivons, plus j’ouvrais les yeux sur les conséquences néfastes de nos activités humaines, que nous ne voyons pas toujours. C’est comme le péché dans nos vies. Nous discernons moins facilement les « petites » choses telles que l’orgueil, l’insatisfaction, l’envie. Plus nous cheminons dans la foi, plus nous apprenons à les repérer. L’autre point commun c’est que toutes deux sont des chemins progressifs. Il est impossible dans nos pays riches de tout changer du jour au lendemain pour avoir une vie écologiquement vertueuse. Dans la vie chrétienne c’est pareil, il y des choses que Dieu change rapidement et d’autres pour lesquelles il s’agit d’une sanctification qui s’effectue sur le long terme.
J’ai commencé par visionner à plusieurs documentaires sur des choses qui me touchaient de près comme l’alimentation ou l’industrie de la mode. Mais le déclic s’est fait un jour de septembre 2017, alors que je rangeais mes courses, comme d’habitude. Je me suis alors dit ; c’est vraiment fou tous ces emballages qui ne servent à rien. Dès ce moment, j’ai décidé de réduire la quantité de déchets ménagers et le gaspillage. J’ai effectué des recherches, puis une chose en entraînant une autre, cela m’a amenée à repenser ma consommation générale.
Mon premier conseil, pour les chrétiens, est de remettre cette démarche à Dieu, et de le faire avec lui. Je conseille de commencer par ce qui semble le plus accessible en fonction de son contexte, mais aussi par ce qui nous fait le plus envie. Quelqu’un qui habite en ville pourra par exemple plus facilement renoncer à la voiture au profit des transports publics. Deuxième conseil : prendre son temps. Nous avons des habitudes bien ancrées et nous avons besoin de les changer progressivement.
Cette démarche est aussi avant tout un processus vers la sobriété, la simplicité. Nous faisons partie d’une société centrée sur la consommation, alors que la Bible nous avertit contre l’appât des richesses, nous dit que Dieu devrait nous suffire. C’est le socle et le fondement de la transition écologique.
Disciple de Christ jusque dans ma poubelle (éd. Excelsis)
Yoanna Rigotto
Novembre 2023
En collaboration avec
Cet article a été rédigé par StopPauvreté et publié dans le Christianisme Aujourd’hui du mois d’avril 2024.
A seulement 25 ans, Sébastien Gilliand est fondateur et président de l’association Wungana Mozambique, qui soutient des projets générateurs de revenu. Il partage avec nous son parcours et sa volonté de mener une vie juste.
À travers les témoignages que nous avons récolté, explorons l’engagement des jeunes chrétiens pour la justice sociale et la durabilité. Entre volonté d’action, perception des obstacles et initiatives concrètes, ils nous livrent leurs réflexions et pratiques au quotidien. Avec pour boussole, la foi en Dieu.
Coordinatrice du réseau des ambassadeurs d’A Rocha France, Yoanna Rigotto est l’autrice du livre « Disciple de Christ jusque dans ma poubelle » (éd. Excelsis). Elle y aborde de façon pratique le lien entre foi et transition écologique. Interview.
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