Réduire ses déchets : un cheminement familial

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BABST ©MISSON-TILLE-3
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17 juillet 2024
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Réduire ses déchets en famille, c’est possible ! Un sac poubelle de 35 litres suffit à la famille Babst, composée de six personnes, pour un mois. Loin du niveau médiatisé par Béa Johnson, la prêtresse californienne du zéro déchet, l’important pour cette famille est de réaliser l’impact de notre consommation et d’agir en prenant soin de la planète. Rencontre.

C’est un lundi comme les autres dans la famille Babst. Dans sa maison, une ancienne ferme rénovée, chacun vaque à ses occupations. Eliséo, l’aîné révise ses cours pendant que sa sœur Léonora, 11 ans, prépare — toute seule ! — des cookies pour le goûter. Mila, 8 ans, se sert un verre de jus de pomme. Ce dernier vient tout droit du pommier situé dans le jardin. Eliséo raconte comment les pommes qui ont servi à sa fabrication ont été pressées grâce au pressoir hérité de leur grand-papa.

La seconde main, c’est le pied !
Chez les Babst, la grande majorité des objets, des meubles aux vêtements des enfants, ont déjà eu une ou plusieurs autres vies. La famille privilégie l’achat d’objets de seconde main ; il s’agit de l’une des habitudes qu’elle a prises afin de limiter son impact en matière de production de déchets. Pour Laeticia, la maman, adopter des habitudes de consommation durables doit inévitablement se faire en partenariat, pour que chaque membre de la famille y adhère. « J’ai un jour demandé aux enfants si cela les gênait de porter des vêtements déjà utilisés. Si cela avait été le cas, nous aurions réfléchi à acheter quelques habits neufs pour l’école, en essayant de trouver des filières éthiques. »

Mais il ne s’agit pas uniquement d’acheter en deuxième main, de recycler ou de réutiliser, mais également de se questionner, à la base, sur leurs réels besoins. C’est en 2016 que le déclic s’est produit ; la famille quitte la Suisse et déménage en Angleterre pour deux ans. « Nous avons dû faire entrer toutes nos affaires dans une petite remorque de 9 m2. Cela a nécessité beaucoup de tri. C’est là que nous avons réalisé à quel point nous avions accumulé, mais aussi tout le travail et l’industrie qu’il y avait derrière tous ces objets », raconte Laeticia.

Un contexte de vie favorable
Dès son retour d’Angleterre, il y a cinq ans, la famille mise également sur les courses au marché. En plus de bénéficier de produits locaux, la quantité de déchets générés est drastiquement réduite. Eliséo y est habitué, puisqu’il y va presque tous les samedis matin avec son papa, sauf s’il a un match de badminton. « J’aime y aller, car les producteurs me connaissent et me donnent des petites choses gratuites », dit-il avec un sourire timide. Mais la famille Babst ne souhaite pas se placer en modèle, et encore moins sous-entendre qu’elle fait tout juste. « Ce qui est facile pour nous, nous le faisons, et ce qui est difficile, nous essayons de le faire au mieux. Chacun bénéficie de modalités différentes selon le contexte dans lequel il vit, ses contraintes de temps et financières. Ici, nous avons la chance d’être très bien situés pour nous permettre de mettre en pratique ce que nous souhaitons vivre. »

Par exemple, les bouteilles de lait que Pascal Babst rapporte en arrivant à son domicile, il vient de les acheter à la ferme qui se situe non loin d’ici, qui propose un automate à lait ; « on y emmène ses bouteilles vides, on paie, on les remplit, et on rentre avec son lait frais. » Sans cela, la famille achèterait son lait là où ce serait le plus pratique pour elle. Car il s’agit aussi d’être réaliste : prendre la voiture pour aller au magasin en vrac qui se trouve à plusieurs kilomètres, c’est non. Mais réutiliser les emballages plastiques des produits achetés en magasin ; oui, au maximum !

Des choix qui demandent du temps
Car la gestion du temps a également son importance lorsque l’on souhaite mettre en place des pratiques durables. Par exemple, l’un des critères pour le choix des activités extrascolaires de leurs enfants est qu’ils doivent pouvoir s’y rendre à pied. « Quand on est six, si l’on rajoute trop de choses au programme, il devient difficile de s’organiser et de suivre la ligne que nous souhaitons. » C’est pourquoi réfléchir aux priorités est indispensable.

Depuis cinq ans, la famille chemine. Des habitudes ont été prises et d’autres sont régulièrement remises en question. Chaque mois de janvier est ainsi devenu l’occasion de réfléchir à la prochaine étape à franchir pour diminuer le gaspillage et améliorer la durabilité de leur quotidien. « On a dû commencer à faire un effort conscient. Cela devient plus difficile de trouver des améliorations qui ne soient pas trop contraignantes. Nous ne faisons pas des changements drastiques du jour au lendemain. »

Prendre conscience de notre impact
Réfléchir aux raisons qui les poussent à ces efforts est essentiel pour Laeticia et Pascal. « Si c’est pour sauver le monde, nous serons vite découragés. Nous le faisons parce que nous voulons apprécier les ressources qui nous entourent. » Son mari Pascal ajoute : « Je pense que la première étape est de réaliser que notre manière de consommer et nos choix de vie ont un impact, bon ou mauvais. Nous avons la responsabilité de prendre soin de ce qui nous est donné, de la Création, et avec la marge de manœuvre que nous avons ici, il serait dommage de ne pas y penser. Mais plus on en a conscience, plus cela devient compliqué. »

Laeticia aime comparer leur idéal au fonctionnement d’un compost : « Nous avons la chance d’avoir un petit terrain où jardiner. C’est fascinant de constater qu’il n’y a aucun déchet dans ce circuit : les parties des plantes qui ne sont pas mangées servent à faire pousser celles de l’année suivante. Ce serait bien de trouver un mode de vie similaire, où rien ne se perd. »

 


Rédaction et photos : Joëlle Misson-Tille

 

 

 

 

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