« La foi fournit une base solide aux enfants »

L’article 14 de la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) lui confère le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Dans de nombreux pays néanmoins, ce droit est bafoué. Qu’implique-t-il plus concrètement ?

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21 juin 2022
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Ce droit de choisir doit-il nous freiner dans l’éducation religieuse de nos enfants ? Non, répond Jennifer Philpot-Nissen, spécialiste des droits de l’enfant et chargée de programme au sein du Conseil œcuménique des Eglises. Elle affirme que l’éveil à la foi revêt un rôle important dans l’exercice de la liberté de pensée.  

 

Si l’on considère que la grande majorité des parents enseignent leurs propres convictions, un enfant peut-il profiter pleinement de cette liberté de religion, de conscience et de pensée ? 

Il n’y a pas d’âge particulier à partir duquel un enfant est considéré capable de prendre pleinement avantage de cette liberté, mais cela dépendra de chaque individu, de son niveau de maturité et de compréhension. Il y a malheureusement beaucoup de situations où le respect de ce droit est violé par la propre famille de l’enfant ou par lui-même. Un enfant peut être contraint de quitter son domicile familial, forcé au mariage, violenté ou tué. 

 

L’article 14 mentionne que « la liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne peut être soumise qu’aux seules restrictions qui sont prescrites par la loi ». Comment cela peut-il être compatible avec le droit à la liberté de religion ? 

Plusieurs pays, en ratifiant la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, ont émis des réserves concernant l’article 14. En pratique, ces pays n’acceptent pas qu’un enfant change de religion s’il souhaite se convertir à une croyance autre que celle qui prévaut dans le pays. En revanche, si un enfant souhaite se convertir à celle qui prédomine, c’est accepté et même encouragé par les autorités. De tels pays sont constamment rappelés à l’ordre par le Comité de droits de l’enfant et d’autres organes compétents à lever ces réserves.  

 

Et en Suisse, avons-nous vraiment autant de liberté que nous le pensons ? 

Dans l’exercice de la liberté de pensée, de conscience et de religion, l’éveil à la foi et la connaissance des religions, ainsi que les initiatives inter-religieuses pour la paix et la justice, peuvent jouer un rôle important. Dans les pays où il y a peu d’enseignement à ce sujet, de nombreux jeunes et enfants semblent vivre un manque d’enracinement et peuvent ressentir un manque dans une quête spirituelle ou dans leur quête de sens. L’article 14 parle également du devoir des parents de « guider l’enfant dans l’exercice du droit susmentionné d’une manière qui corresponde au développement de ses capacités » 

 

Considérez-vous important d’apprendre à nos enfants la variété des religions et croyances qui nous entourent ? 

Oui c’est extrêmement important. Nous pouvons adhérer à une religion particulière, mais nous vivons dans un monde multiculturel et multi-ethnique. Ceux qui nous entourent pratiquent différentes religions, ou aucune. Nous devons nous assurer que nos enfants comprennent les différents points de vue, pour leur apprendre la tolérance et à pratiquer la paix. 

 

Le droit de l’enfant à la liberté de religion signifie-t-il que nous ne « pouvons plus » éduquer nos enfants dans une voie spécifique ? 

Non, cela n’a pas cette signification, sauf si ce que nous enseignons est la haine, la division et l’intolérance. Il est important de donner aux enfants la possibilité d’un éveil à la foi et la connaissance de la religion, tout en montrant des initiatives qui permettent des efforts communs entre croyants et non-croyants, pour la justice et la paix. Il y a beaucoup d’excellents exemples de catéchisme et d’éveil à la foi qui sont adaptés aux défis rencontrés par les Eglises et par les jeunes générations d’aujourd’hui. Ceux qui ont le plus de succès sont ceux qui promeuvent la participation active des enfants et des adolescents, et qui laissent la place aux adaptations à notre époque. Le soutien mutuel des Eglises dans ce travail éducatif est vital.  

 

D’un point de vue biblique, Dieu nous appelle à enseigner la foi aux enfants : est-ce un jeu d’équilibriste de les enseigner dans la foi chrétienne – tout en leur donnant les outils pour comprendre les autres croyances – tout en acceptant qu’ils puissent s’en détourner ? 

En tant que parents, nous pouvons enseigner à nos enfants ce que nous croyons et pourquoi nous le croyons, essayer au mieux de vivre conformément à ce que nous croyons, mais en fin de compte, nous avons à respecter les prises de décision de nos enfants en ce qui concerne leurs vies et croyances.  

 

Selon vous, quelle est l’importance que la foi et son enseignement revêt pour le développement de l’enfant ?  

Un enfant élevé dans la foi chrétienne possède une structure, un cadre, pour sa conduite, au-delà des règles imposées par ses parents ou l’école. Faire partie d’une Eglise lui fournit une communauté, où, c’est ce qui est espéré, il peut être en sécurité, se faire des amis, et partager ses craintes et espoirs.   

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