La crise au Yémen est la plus grande crise humanitaire de notre temps. Depuis 2015, le pays subit les ravages d’un violent conflit interne, dont on ne parle que trop peu. Medair y a lancé son intervention humanitaire en 2019.
« La guerre est visible partout », témoigne Evelyn Speich, directrice des programmes de Medair au Yémen. « Les infrastructures sont endommagées par le conflit ; il n’y a aucune maintenance ou renforcement du système de santé, déjà peu développé, surtout dans les régions isolées. » Neuf ans de conflit armé ont laissé 21,6 millions de personnes dans un besoin urgent d’aide humanitaire.
Assurer la santé du plus grand nombre
Présente dans les régions de Al Dhale’e, de Lahj et d’Aden, Medair travaille à la réhabilitation et la reconstruction de 28 centres de santé et hôpitaux, au sein desquels les équipes — composées d’employés de l’ONG, de personnel médical gouvernemental et de volontaires locaux formés — offrent des soins de santé primaire. M. Saleh, paysan dans la province d’Al Dhale’e témoigne : « Beaucoup de personnes sont mortes parce que nous n’avions pas assez de services de santé. Aujourd’hui, nous avons tout à proximité de notre village. J’espère que cette structure demeure ici, afin que plus personne ne perde la vie inutilement. » En 2022, le programme de Medair au Yémen a permis à 74’751 personnes de bénéficier de meilleurs soins.
Une attention particulière est accordée aux femmes et aux enfants, dans les domaines de la santé reproductive, de la maternité, de l’hygiène et de la nutrition. L’organisation œuvre également à la construction de latrines et de points d’accès à l’eau potable, et effectue régulièrement des contrôles de qualité de l’eau. « Nous agissons aussi pour la construction de sanitaires dans les écoles. Sans toilettes à l’école, de nombreux enfants, en particulier les filles, ne s’y rendent pas », rapporte Evelyn Speich.
Violence et santé mentale
En plus de la santé primaire, Medair a mis en place une formation en santé mentale : « Le Yémen est le pays dans lequel nous trouvons les cas les plus graves d’atteinte à la santé mentale, il n’existe presque rien dans ce domaine, déplore Evelyn Speich. La pauvreté et le stress qui découlent de la guerre sont des facteurs aggravants. »
Aujourd’hui, la continuité des programmes au Yémen n’est pas assurée car les fonds internationaux manquent. « Il semble que les pays soient fatigués de donner, car cela ne change rien. Évidemment, les dons n’arrêteront pas la guerre : ils permettent de garder les gens vivants. »